
19 novembre 2008 paru http://www.bobdylan.com/#/user/4240
Bob Dylan & His Band au Centre Bell - Pareil, pas pareil
SYLVAIN CORMIER
Édition du mercredi 19 novembre 2008, Le Devoir
Sans doute est-ce la fréquence de ses passages en ville qui fait ça. On regarde le show autrement. Or, Dylan était à Wilfrid le 4 juillet 2007, au Centre Bell le 8 novembre 2006. Expériences de récente mémoire, donc. Et pas seulement pour moi. On est des milliers à se refaire Dylan, fois après fois. Alors voilà: on remarque. Ce qui est pareil de fois en fois, ce que ne l'est pas. Exemple: l'orchestre. Le même, depuis pas mal d'années. En uniforme. Le costume gris, la chemise noire, le chapeau mexicain noir pour tout le monde (sauf le batteur, à casquette, et le multi-instrumentiste Donnie Herron, nu-tête). Chacun est à sa place habituelle, le bassiste Tony Garnier au centre. Le tandem de guitaristes à sa droite, Stu Kimball et Denny Freeman, s'échangeant les solos à la Chuck Berry. Et puis Dylan, à leur gauche, derrière son clavier, debout sur son squelette, tibia gros comme la bande rouge sur le côté du pantalon.
Cette fois-ci, Bob n'a pas joué de guitare du tout. Comme en 2006. À la différence de l'an dernier, où il avait alterné. Cette fois-ci, c'est plutôt à l'harmonica qu'il s'est distingué. Il s'amenait à petits pas jusqu'au milieu de la scène, soufflait dans son ruine-babines. Avec énergie, dirais-je. C'était son grand truc, hier soir: les solos d'harmonica. À un moment, en plein milieu, il a chanté sans jouer de rien: c'était la première fois que je voyais ça. Dylan chanteur et rien d'autre. Ah ben. J'en étais tout chose.
Comme en 2006 et 2007, il a fini avec le triplé Thunder On The Mountain, Like A Rolling Stone et All Along The Watchtower (pas toujours dans cet ordre, infime variation). Comme en 2006 et 2007, il y avait Highway 61 Revisited avec son «jungle beat» et le rutilant rockabilly Summer Days au programme. Et Masters Of War comme en 2006. Et Spirit On The Water comme en 2007. Et Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again, John Brown et Lay Lady Lay, telles que jouées au... Colisée de Québec le 3 juillet 2007 (j'oubliais). Et Tweedle Dee & Tweedle Dum comme en.... 2002, au Centre... Molson. Voyez? Le show Dylan, ces dernières années, c'est le jeu des permutations, à partir d'une cinquantaine de titres.
Plus les exceptions. Les surprises qui valent le déplacement, à tout le moins pour les fans qui suivent leur feuille de pointage. (Les autres attendent Like A Rolling Stone et exultent: ils ont bien le droit.) Hier, c'était This Wheel's On Fire, totale rareté de 1967-68, l'époque des Basement Tapes: ça m'a jeté par terre. Je n'en jurerais pas, mais Dylan mordait dedans. Ça ne l'a pas rendu plus causant qu'à l'accoutumée. «Thank you friends», a-t-il dit au rappel. Dit-il «friends» après son «thank you», d'habitude? Je ne sais plus. Pas assez dylanophile, finalement.

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