
L'escalier du Potemkine, photo prise entre 1890 et 1900.
Depuis la mort subite de Guillaume Depardieu, je manque de ressort.
LECTURE
Je lis actuellement Le juif errant est arrivé du journaliste français Albert Londres, livre écrit en 1929 et réédité en 2008. Il faut avoir lu ces textes. L’auteur circule entre autre dans les pays de l’est européen et décrit ce qui nous apparait aujourd’hui innomable.
COLLOQUE
J'ai assisté jeudi à Montréal et pour une journée seulement à un colloque intitulé Cultures juives et maillages culturels en Europe centrale et orientale et en Amérique du Nord. Cette cinquième séance traitait des communautés juives montréalaises aux XIXe et XXe siècles; la sixième avait pour thème Approches comparées de la judéité musicale, de son affirmaton et de sa dénégation en Europe et en Amérique.
Chez les musiciens présentés, rien ne témoigne directement de leur judéité.
- Les compositeurs Douanaievsky né en l'an 1900 en Ukraine et Irving Berlin né en Biélorusse en 1988, décédé à New-York en 1989.
- Les violonistes Oïstrakh et Heifetz: deux russes dont un a émigré aux US.
- Les expériences de musique contemporaine de Gyorgy Ligeti et Steve Reich
On y a parlé d'Odessa comme d'un centre important. On y compte 1 million d'habitants.
“Au centre ville, sept musées du début du XIXeme siècle témoignent de la tradition culturelle de la ville.”
ODESSA
“A la suite de la guerre Turco-Russe de la fin du 18-ème siècle, la côte Nord de la mer Noire devint partie intégrante de la Russie en 1789 et une nouvelle ville, Odessa, fut construite sur les ruines d’une petite forteresse turque, Khadzhi-Bei. Le nouveau camp prit le statut de ville en 1794. Tous les ingrédients nécessaires au développement d’une nouvelle ville furent réunis à Odessa. Un climat tempéré, des connections par voies d’eau vers de nombreux pays, une explosion de développements dans l’industrie et la construction et une attitude libérale des autorités envers les nouveaux arrivants attira des personnes de toutes nationalités, dont des juifs. Odessa devint une nouvelle Babylone et une "New York Russe" ou Russes et Ukrainiens travaillaient côte-à-côte avec des Grecs, des juifs, des Italiens et bien d’autres.
Ce qui se retrouve dans le nom des rues telles que Grecheskaia ulitsa (rue Grecque), Evreiskaia ulitsa (rue juive) Ital'ianskaia ulitsa (rue Italienne), Frantsuzkii bul'var (boulevard Français), Pol'skaia ulitsa (rue Polonnaise), Bolgarskaia ulitsa (rue Bulgare), etc.
Quand les Russes prirent Khadzhi-Bei ils trouvèrent 6 juifs. En 1794, cinq familles juives reçurent des terrains pour construire maisons et boutiques et, en 1795, une Hevra Kaddisha (association funéraire) fut créée.
En 1817, Odessa reçu le statut de port-franc et le commerce des céréales et d’autres types de commerce international ou les juifs étaient implantés se développèrent rapidement.
La croissance de la population d'Odessa a été la suivante: 2,319 citoyens en 1795, 9,000 en 1830, 60,000 en 1845, 97,000 en 1852, 125,000 en 1866, 271,000 en 1887, 339,000 en 1892, 450,000 en 1902 et 52,000 en 1909.
En 1795, 10% de la population d’Odessa était juive et augmenta rapidement. En 1845, 20% (12,000) de la population de la ville était juive, atteignant 30% (165,000) en 1909. Une émigration intensive avant la révolution et les pogroms de la révolution de 1917 ainsi que la guerre civile qui s’ensuivit réduirent la population juive. Cependant, après la révolution et avec l’abolition des Barrières de Peuplement, de nombreux juifs de petites shtetlach vinrent à Odessa. D’après le recensement de 1939, la population juive d’Odessa atteignit 180,000 sur un total de 608,000.
De 1880 à 1920, Odessa était la 4ème plus grande ville de l'Empire Russe (après St. Petersburg, Moscou et Varsovie) mais la 2ème après Varsovie en termes de population juive. Au début du 20-ème siècle, Odessa était devenue l'un des plus grands ports de Russie, ainsi qu'un important centre industriel, scientifique, culturel et balnéaire.
En 1890, Odessa exporta 1,360,000 tonnes de céréales et 2,000,000 en 1895. En plus de cet important rôle dans l’exportation des céréales (en 1910 plus de 80% des sociétés d’exportation de céréales appartenaient à des juifs) les juifs d’Odessa étaient dans la commerce de détail (56% des petits magasins appartenaient à des juifs), dans l’artisanat (63% des artisans d’Odessa étaient juifs) et dans la finance (vers 1900, 70% des banques d’Odessa étaient administrées par les juifs). Les juifs étaient aussi très représentés dans les professions médicales et pharmaceutiques (70% du total dans ces professions étant juifs) et dans le droit (56% des avocats de la villes et de leurs clercs étaient juifs).
Mais les manifestions anti-juives provoquées par les marchands Russes et Ukrainiens et les hommes affaires qui voyaient avec jalousie et inquiétude les succès juifs, et qui furent plus tard rejoints par le gouvernment Russe qui voyait dans ces manifestions une soupape de sécurité contre les sentiments révolutionaires et anti-gouvernementaux, devinrent un puissant stimulant pour l’émigration des juifs d’Odessa vers la Palestine, le Canada, les USA et l’Amérique du Sud. Pendant de nombreuses années, Odessa fut connue comme une "porte vers Sion". Il y eut des pogroms en 1821, 1859, 1871, 1881 et 1905, ce dernier étant le plus violent avec plus de 300 juifs assassinés et des milliers blessés.”
http://goulnik.com/odessa/odessa1.htm
Chimes of Freedom (1964)
ALBUM : "ANOTHER SIDE OF BOB DYLAN". - 1964
Un des plus beaux poèmes de Dylan d’après Robert Shelton, une chanson d’amour politique, de compassion, un triomphe de la couleur des mots et métaphores, un des textes les plus rimbaldiens sur la douleur, les exclus, accusés, méprisés, épuisés, etc.
Chimes Of Freedom
I
Far between sundown's finish an' midnight's broken toll
We ducked inside the doorway, thunder crashing
As majestic bells of bolts struck shadows in the sounds
Seeming to be the chimes of freedom flashing
Flashing for the warriors whose strength is not to fight
Flashing for the refugees on the unarmed road of flight
An' for each an' ev'ry underdog soldier in the night
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
I
Bien après le coucher du soleil et avant que sonne minuit
Nous nous réfugiions sous le porche, alors que la foudre frappait
Et que des éclairs grandioses chassaient l'ombre avec fracas
Ils ressemblaient aux carillons de la liberté qui étincelaient
Qui étincelaient pour le guerrier dont la force est de ne pas combattre,
Qui étincelaient pour les réfugiés sur la route sans armes
Et pour tous les soldats égarés dans la nuit,
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
II
In the city's melted furnace, unexpectedly we watched
With faces hidden while the walls were tightening
As the echo of the wedding bells before the blowin' rain
Dissolved into the bells of the lightning
Tolling for the rebel, tolling for the rake
Tolling for the luckless, the abandoned an' forsaked
Tolling for the outcast, burnin' constantly at stake
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
II
Accablés par la chape de plomb de la ville, sans nous y attendre nous regardions
Cachant notre visage pendant que les murs se rapprochaient
Alors que l’écho des cloches célébrant des mariages avant la pluie battante
Était englouti par les grondements du tonnerre
Qui sonnaient pour le rebelle, sonnaient pour le débauché
Sonnaient pour le malchanceux, l'abandonné, le délaissé
Sonnaient pour le paria, sur son bûcher sans fin
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
III
Through the mad mystic hammering of the wild ripping hail
The sky cracked its poems in naked wonder
That the clinging of the church bells blew far into the breeze
Leaving only bells of lightning and its thunder
Striking for the gentle, striking for the kind
Striking for the guardians and protectors of the mind
An' the unpawned painter behind beyond his rightful time
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
III
A travers le mystique martèlement fou de la sauvage pluie
Le ciel tonnait ses poèmes de pure merveille
Que le tintement des cloches des églises emportait dans le vent
Ne laissant que les coups du tonnerre et les éclairs
Qui frappaient pour le doux, frappaient pour le gentil
Frappaient pour les gardiens, les protecteurs de l'âme
Et pour le peintre qui a fait beaucoup plus que son temps
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
IV
Through the wild cathedral evening the rain unraveled tales
For the disrobed faceless forms of no position
Tolling for the tongues with no place to bring their thoughts
All down in taken-for-granted situations
Tolling for the deaf an' blind, tolling for the mute
Tolling for the mistreated, mateless mother, the mistitled prostitute
For the misdemeanor outlaw, chased an' cheated by pursuit
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
IV
Dans le soir sauvage cathédrale, dans les contes démêlés de la pluie,
Pour les formes dévêtues sans visage et désincarnées
Qui sonnaient pour les langues qui n'ont nulle part où penser
Confinées qu'elles sont dans leur banalité
Qui sonnaient pour le sourd et l’aveugle, sonnaient pour le sans voix
Sonnaient pour le maltraité, la mère sans ami, celle qu'on insulte à tort
Pour le brigand de peu d'envergure, qu'épuise la poursuite
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
V
Even though a cloud's white curtain in a far-off corner flashed
An' the hypnotic splattered mist was slowly lifting
Electric light still struck like arrows, fired but for the ones
Condemned to drift or else be kept from drifting
Tolling for the searching ones, on their speechless, seeking trail
For the lonesome-hearted lovers with too personal a tale
An' for each unharmful, gentle soul misplaced inside a jail
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
V
Même si le pâle rideau d’un nuage étincelait au loin
Et que les lambeaux de brume hypnotique se levaient lentement
Les flèches électriques frappaient toujours, tirées mais pas sur ceux
Condamnés à errer ou à rester sur place
Qui sonnaient pour ceux qui cherchent, et que la quête laisse sans voix
Pour les amants aux cœurs esseulés à l'histoire trop personnelle
Et pour chaque âme inoffensive emprisonnée à tort,
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
VI
Starry-eyed an' laughing as I recall when we were caught
Trapped by no track of hours for they hanged suspended
As we listened one last time an' we watched with one last look
Spellbound an' swallowed 'til the tolling ended
Tolling for the aching ones whose wounds cannot be nursed
For the countless confused, accused, misused, strung-out ones an' worse
An' for every hung-up person in the whole wide universe
An' we gazed upon the chimes of freedom flashing.
VI
Des étoiles dans les yeux, je me souviens que nous riions quand nous avons été pris
Piégés par l'absence d'heures, elles étaient en suspens,
Nous écoutions une dernière fois et jetions un dernier regard,
Captivés, engloutis, jusqu'à ce le son des cloches s'éteigne
Qui sonnaient pour ceux qui souffrent et dont on ne peut soigner les blessures
Pour les innombrables perdus, accusés, malmenés, rejetés et bien pire
Et pour tous les réprouvés du monde
Nous regardions étinceler les carillons de la liberté.
Traduction de David et Michel Pomarède, notes de Pierre Mercy
bobdylan-fr.com
Chimes of freedom, Newport 1964
http://www.youtube.com/watch?v=2C3tgqmg87w

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